Le processus de deuil

LE PROCESSUS DE DEUIL


De façon générale, nous avons peur du deuil mais, le deuil n’est pas l’ennemi. En effet, c’est la mort le point de départ de la douleur car elle est le point de rupture du lien émotionnel entre vous et la personne décédée. 

Dans la mort et le deuil, il y a ce que l’on appelle le processus de deuil, totalement inconscient c’est-à-dire qu’il n’y a aucune notion de volonté, de force ou de croyances de la part de l’endeuillé. C’est une intelligence naturelle de cicatrisation. En parallèle, il y a le travail de deuil. Il est ici question de savoir ce que l’on décide de faire de façon consciente pour être accompagné le mieux possible dans ce processus de cicatrisation.


LA CHRONOLOGIE DU PROCESSUS DE DEUIL 

Il y a 4 étapes dans ce processus, mais, à la 4ème, tout ne se s’arrête pas. C’est pourquoi, évitons de dire « FAIRE SON DEUIL ».


Etape 1 : LE CHOC-LA SIDERATION

C’est le moment où nous apprenons la mort. Le vécu sera différent selon les circonstances du décès et si celui-ci était attendu ou non. En cas de décès brutal, la rupture du lien émotionnel peut potentiellement créer un traumatisme et occasionner des séquelles post-traumatiques. Ces séquelles viennent parasiter le processus de deuil, il est donc nécessaire de pouvoir les identifier entre 2 à 4 mois après le décès. En voici les critères selon le docteur Christophe FAURE, psychiatre spécialisé dans le deuil et les ruptures :

- Le point le plus important est de constater une image intrusive, faire des cauchemars   plusieurs fois par jour ou par semaine.

- Avoir une hypervigilance, être sur le qui-vive tout le temps, sursauter au moindre coup.

- Eviter toute situation en relation avec l’évènement, c’est ici l’élément le moins important.

Si le premier et le second point sont présents, il est utile de traiter notamment par l’EMDR (3 à 4 séances). Cette technique de soin, découverte pour aider les soldats américains revenants de la guerre au VIETNAM, permet d’apaiser le traumatisme, pas le deuil. Le traumatisme peut également être présent lorsqu’il y a une mort attendue.

Lors de cette étape, une protection psychique se met en place, c’est comme une chape de béton entre soi et la douleur, comme une anesthésie émotionnelle afin de pouvoir gérer cette grosse situation de stress. L’endeuillé peut ici refuser de croire à la réalité de la mort et être dans un état de déni provisoire. Il est important à ce moment de faire confiance dans le processus qui sait à quel rythme aller. 

C’est aussi le moment de l’organisation des obsèques. Ces rituels sont essentiels car ils ont une efficacité psychique et sociale. Nous avons besoin d’être reconnu en deuil.

Cette première étape dure de quelques heures à quelques jours.


Etape 2 : LA FUITE ET LA RECHERCHE

La fuite : C’est ici tout mettre en œuvre pour vite aller bien de façon consciente alors qu’inconsciemment c’est un autre rythme. Cela crée des tiraillements, une agitation intérieure. Sur un coup de tête, il est possible de démissionner, de déménager, de vider la maison, de passer beaucoup de temps au travail…afin de ne pas penser.

La recherche : Ici, nous continuons à mettre à l’extérieur tout ce que l’on mettait avant le décès. C’est-à-dire que nous avons besoin de supports pour être en lien avec le défunt car nous n’avons pas encore suffisamment de ressources à l’intérieur de nous (photos, messagerie, envoyer un SMS, sentir/porter les vêtements, le parfum…). Il est impossible de faire comme si le défunt n’était plus là. Le niveau de souffrance est amorti par tout ce que l’endeuillé met en place.

Cette phase est présente de façon normale tout au long de l’année qui suit le décès. Les proches pensent souvent à tort qu’il s’agit d’une attitude malsaine dans la souffrance.

Etape 3 : La déstructuration

On prend ici doucement conscience que l’on n’a plus de ressources à l’extérieur (pas de nouvelles photos, plus de nouveaux messages…) d’autant que l’on a souvent, à ce moment-là, enlever les objets du défunt. Il y a souvent une impression de marche arrière avec un vécu dépressif alors que l’endeuillé pensait que le plus gros de sa douleur était derrière elle car cette phase arrive 6 à 10 mois après le décès. Nous prenons ici conscience de l’Absence, du Manque et du caractère irréversible de la mort avec une baisse de l’accompagnement de l’entourage et ainsi un vécu plus fort de solitude. 

De multiples émotions, états surgissent lors de cette phase associant tristesse, pleurs, honte, culpabilité, peur, insomnie, anorexie, sentiment de vide avec des difficultés à maintenir des habitudes de travail et/ou socialement.

Cette phase est la plus difficile dans le processus de deuil car l’on est beaucoup moins protégé psychiquement, mais, le vécu dépressif est la preuve que le processus se passe bien. Il est important de garder à l’esprit dans cette phase que le deuil n’est pas un état mais un processus, tout est en mouvement. On avance malgré l’impression de reculer. L’endeuillé peut aussi à cette période avoir le sentiment qu’il n’y arrivera pas et qu’en souffrant moins, il y aura une perte du lien avec le défunt. Mais soyez rassuré, cela est loin d’être le cas, l’oubli n’existe pas dans le deuil.

Des points communs avec la dépression surgissent lors de la phase de déstructuration comme la fatigue, les troubles de l’appétit, l’apparition parfois d’idées suicidaires…Mais, la dépression se caractérise aussi par l’absence totale de moment de sérénité, par l’élaboration et la constance d’idées suicidaires, le parasitage du fonctionnement professionnel, social et une intensité de la culpabilité, de la colère…Alors, pensez bien que les antidépresseurs soignent la dépression, pas le chagrin.

La durée de cette phase varie entre 6 à 8 mois et 2 ans.

Etape 4 : La reconstruction 

Elle ne commence pas obligatoirement après la troisième étape, elle peut intervenir après la première mais elle s’intensifie au fils du temps. Ici, la souffrance est plus douce indépendamment du manque qui persistera toujours. Le manque ne veut pas dire que le processus n’est pas fait.

Il y a 3 niveaux dans cette phase :

-Redéfinition de qui l’on est par rapport aux autres, au fil du temps, des mois.

-Redéfinition de soi par rapport à la personne que l’on a perdu. On ne se souvient que du meilleur avec une identification positive au défunt. C’est une forme d’héritage du défunt à l’intérieur de soi.

-Redéfinition de son rapport à soi. Qui suis-je maintenant par rapport à cette perte ? Qu’est-ce que je veux maintenant ? Comment j’honore ta mémoire ?


Enfin, le deuil fait vivre une multitude d’émotions difficiles à gérer notamment parce que nous n’avons pas appris à le faire. Mais, une émotion ne demande qu’à être écoutée et exprimée. Lorsque la joie apparaît, nous rions ; lorsque nous sommes tristes, nous pleurons ; lorsque nous sommes en colère, nous crions ou tapons ; lorsque nous avons peur, nous fuyons…Ainsi, laissez au maximum vivre ces émotions.

De façon générale et normale, le processus de deuil varie de 1 an et demi à 3 ans (sans aborder les deuils compliqués ou pathologiques)


Pour vous aider, voici la définition de la mort et du deuil faite par Louise RACINE, accompagnatrice et formatrice sur le deuil à MONTREAL depuis plus de 25 ans. Ne prenez que ce qui résonne en vous :

« Quand une personne décède, nul ne sait où elle va. On sait qu’elle ne reviendra plus, en tout cas comme nous l’avons connu. Son cœur a cessé de battre et, on est certain que son corps ne souffre plus. On ne pourra plus ni l’embrasser, ni la voir, ni entendre sa voix ou sentir son odeur, ni l’entendre parler ou la voir bouger. C’est vrai que perdre c’est difficile parce que la mort est permanente, irréversible, mystérieuse et inconnue. Il est normal d’éprouver de la peine quand quelqu’un qu’on aime meurt. Au cours du deuil, la présence de la personne défunte se transformera et, elle pourra exister à l’intérieur, dans nos cœurs. On pourra garder le souvenir de tout ce qu’on a reçu d’elle et, garder le souvenir chaleureux de quelqu’un c’est continuer de le faire exister en soi ».







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